09/02/2009

Le Géant Gayant de Douai

gayant-de-douai.jpgContrairement à d'autres villes, Douai n'a pas donné de nom à son géant, l'appelant simplement « Gayant », c’est-à-dire géant en picard, langue en vigueur à Douai à l'époque. Cette absence de nom pose la question de sa représentation.
C'est à l'occasion d'une procession en l'honneur de St-Maurand, patron de Douai, que Gayant (" géant " en patois picard) vit le jour en 1530, son corps avait été fabriqué en osier par la corporation des manneliers (fabricants de paniers d'osier). L'année suivante, la corporation des fruitiers fit construire une géante, Mme Gayant.
En 1720 naquirent leurs enfants, Jacquot, Fillon et Binbin (une fille et deux garçons).
En 1770, l'évêque d'Arras interdit cette procession, car elle commémorait la victoire de la Ville de Douai sur les français, le 16 Juin 1479. Il en institua une nouvelle qui célèbrerait l'anniversaire de l'entrée des français à Douai en 1667. Cependant, la famille Gayant considérée comme profane ne devait plus y paraître.
Gayant et sa famille ne reparurent qu'en 1801. En 1821, ils reçurent les costumes que nous leur connaissons. Ils souffriront pendant les deux guerres mondiales mais ressusciteront à nouveau.
Depuis, chaque année en juillet (le dimanche qui suit le 5), à l'occasion de la Fête communale, Gayant, sa femme Marie Cagenon et leurs enfants, parcourent pendant 3 jours les rues de Douai.

08/02/2009

Noms des Géants

geant-reuze-papa-dunkerque.jpgIl y a environ 300 géants dans la région Nord Pas de Calais.
En voici quelques-uns...

ANICHE : Ko-Pierre
ARDRES : La Belle Roze et François 1er
ARRAS : Colas et Jacqueline
BAILLEUL : Gargantua
BERGUES : L'Electeur de Lamartine
BERLAIMONT : Le Bouzouc
BOESCHEPE : Jérôme le Meunier
BOULOGNE : Batisse et Zabelle
BOURBOURG : Gédéon et Arthurine
CALAIS : Constance du Portugal et Jehan de Calais
CAMBRAI : Martin et Martine
COUDEKERQUE : Joséphine la Peûle
CASSEL : Reuze Papa et Reuze Maman
DUNKERQUE : Reuze Papa et ses 6 Gardes
DENAIN : Cafougnette
DOUAI : Gayant, Marie Cagenon, Jacquot, Fillon, Binbin
DOULLENS : Florimond long minton
ESTAIRES : Aliboron III
FORT MARDYCK : P'tit Frère
GOMMEGNIES : La Licorne
GODEWAERSEVELDE : Henri le Douanier
GRAVELINES : L'Islandais
GRAND-FORT-PHILIPPE : La Matelote
HAZEBROUCK : Tisje-Tasje, Toria, Babe Tisje, Roland
LAMBRES-LES-DOUAI : Sigebert 1er
LE QUESNOY : Pierrot Bimberlot
LIEVIN : Tintin Pourette et Phrasie
LILLE : Lyderic et Phinaert
LOMME : Anne Delavaux
LA RONDE DES GÉANTS : Marianne, Louise, Saint Nicolas et le Père Fouettard.
MAUBEUGE : Mabuse et Rosette du Petit Sars
MONTIGNY-EN-OSTREVENT : Floris de Montmorency
PONT-SUR-SAMBRE : Jean-Jean
ROOST-WARENDIN : Ghislain de Bernicourt
ROUBAIX : Pierre de Roubaix
SAINT-OMER : Baptistin
SAINT-VALERY-SUR-SOMME : Guillaume le Conquérant
SOLESMES : Barbari le Seringueux
STEENVOORDE : Jean le Bûcheron
STEENWERCK : Totor
TOURCOING : Pierre de Guethem
VALENCIENNES : Binbin
VILLENEUVE-D'ASCQ : Gilbert de Quicampoix
WATTIGNIES : Jean de L'arbrisseau, Madame de l'amiteuse, Delphine du Marais de Bargues, François du Blanc-Riez
WATTRELOS : Jeanne de Constantinople, Ferrand du Portugal
WORMHOUT : Le Roi des Mitrons, Mélanie, Michel'tje et Joséphine.

07/02/2009

Le patois du Nord Pas-de-Calais

jules-mousseron.jpgLe picard est une langue proche du français ; c'est donc une langue romane. Il est parlé en France dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, et dans l'ouest de la Wallonie (Belgique).
Dans la région Picardie, on parle de picard, alors qu'on emploie plutôt les sobriquets ch'ti, ch'timi dans le Nord-Pas-de-Calais (et Rouchi dans la région de Valenciennes) même si les Nordistes parlent simplement de patois. Les linguistes emploient uniquement la désignation de picard. En effet, qu'on l'appelle patois, picard ou « ch'ti », il s'agit de la même langue, et les variétés qui sont parlées en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais sont assez largement inter compréhensibles.
La Communauté Française de Belgique a reconnu officiellement le picard comme langue régionale à part entière, aux côtés du wallon, du gaumais (lorrain), du champenois et du francique (décret de 1990).
Il n'en va pas de même de l'état français qui n'a pas encore franchi ce pas (conformément à sa politique d'unité linguistique, qui ne reconnaît que la langue officielle sur le territoire national), bien que certains rapports aient reconnu le picard comme une langue séparée du français.
Voici à ce sujet un extrait du rapport du Professeur Bernard Cerquiglini, directeur de l'Institut national de la langue française (branche du CNRS) au Ministre français de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ainsi qu'à la Ministre française de la culture et de la communication sur les langues de la France (avril 1999) :
L'écart n'a cessé de se creuser entre le français et les variétés de la langue d'oïl, que l'on ne saurait considérer aujourd'hui comme des « dialectes du français » ; franc-comtois, wallon, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais, bourguignon-morvandiau, lorrain doivent être retenus parmi les langues régionales de la France ; on les qualifiera dès lors de « langues d'oïl », en les rangeant dans la liste [des langues régionales de la France].
Le picard bénéficie néanmoins, comme toutes les autres langues de France, des actions menées par la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France du Ministère de la Culture.
Origine et variation dialectale
Le picard fait partie des langues d'oïl (comme le français) et appartient à la famille des langues gallo-romanes. Il s'agit d'un ensemble de variétés utilisées à l'écrit (scriptae) dans le Nord de la France dès avant l'an 1000 (le Sud de la France utilisait alors plutôt les langues d'oc, ou occitan). C'est d'ailleurs souvent aux langues d'oïl que l'on fait référence lorsque l'on parle d'ancien français.
Le picard n'est pas enseigné à l'école (en-dehors de quelques initiatives ponctuelles et isolées) et n'est parlé qu'entre amis ou en famille. Il fait néanmoins l'objet d'études et de recherches dans les Universités de Lille et d'Amiens. Le déplacement des personnes étant de nos jours bien différent de ce qu'il était autrefois, les différentes variétés du picard tendent à s'uniformiser. Dans sa pratique quotidienne, le picard tend à perdre de son identité en se confondant avec le français régional. D'ailleurs, de nos jours, si la plupart des Nordistes peuvent comprendre le picard, de moins en moins sont capables de le parler et ceux pour qui le picard est la langue maternelle sont de plus en plus rares.
Cependant, le picard est loin d'être mort et constitue un élément encore important et vivant de la vie quotidienne et du folklore de cette région.
Le picard est maintenant avant tout une langue exclusivement parlée. Ce n'a pas été le cas à l'origine : la période médiévale puis celle correspondant au moyen français, en effet, sont riches de textes littéraires en picard ; celui-ci, cependant, n'a pas su s'imposer face à la langue littéraire interrégionale qu'était devenu le français et s'est peu à peu réduit au statut de « langue régionale ».
On trouve une littérature picarde récente qui date surtout des deux derniers siècles, qui ont vu naître partout en France les affirmations identitaires régionales en réponse au modèle républicain centralisé issu de la Révolution. Aussi le picard écrit n'est-il que la retranscription de l'oral. Pour cette raison, on trouve souvent plusieurs orthographes (de la même manière que pour le français avant que celui-ci ne soit normalisé). L'une des orthographes s'inspire directement des mots français. Elle est sans doute la plus simple à comprendre mais elle est aussi sans doute à l'origine de l'idée selon laquelle le picard n'est qu'une déformation du français. Diverses réflexions orthographiques ont été menées depuis les années 1960 pour pallier cet inconvénient, et donner au picard une identité visuelle distincte du français. Il existe actuellement un certain consensus, au moins parmi les universitaires, autour de la graphie dite Feller-Carton (adaptation au picard, par le professeur Fernand Carton, de l'orthographe du wallon mise au point par Jules Feller).